Le ginseng est devenu, en quelques années seulement, l'une des plantes les plus demandées, notamment pour ses vertus énergisantes et adaptogènes. Mais d'où nous vient exactement cette plante, qui a su traverser les siècles ?
Si son utilisation est relativement récente, le ginseng a été découvert il y a plus de 4000 ans. Long est le chemin, de la culture jusqu'à l'industrialisation de cette racine qui, depuis des millénaires, est considérée par la médecine orientale comme une matière première essentielle pour retrouver un corps sain.
Le ginseng tient son nom du Mandarin « Ren Shen » signifiant « Homme Racine », en raison de la forme humaine qu'il pouvait adopter. En Amérique, la tribu amérindienne Chippewa appelait la plante shte-na-bi-o-Dzhi-bih, « l'homme-racine ».
Les guérisseurs utilisaient alors la partie de la racine correspondant à l'endroit où le patient souffrait, pour favoriser la fertilité féminine ou pour fortifier la santé des personnes âgées. Il existe plusieurs versions historiques de la découverte du ginseng. Certains historiens pensent que le ginseng fût découvert dans les montagnes de Chine (principalement dans la région de la Manchourie située entre la Corée du Nord et la Chine).
Les Chinois se servaient alors de cette plante pour retirer le mal et prolonger la vie grâce à ses grandes propriétés capables d'accroître la vigueur et la longévité.
L'utilisation médicinale du ginseng était encore mentionnée dans les anciens traités des herbes médicinales de la Pharmacopée chinoise, le PEN-TS'AO KING ou SHEN NONG BEN CAO JING écrit par l'empereur SHEN NONG vers 2700 av. J.C, dans lequel la racine de ginseng faisait partie des produits liés à l'augmentation de la longévité.
Au cours de la Dynastie Liang (502-557), le ginseng était réservé à l'empereur et à sa famille. Lui seul pouvait autoriser quelques notables à en faire usage. Le ginseng était particulièrement apprécié par ces derniers qui étaient prêts à payer un gramme d'or par gramme de ginseng !
Le mythique empereur Shen-nung est connu pour être la première personne à avoir utilisé le ginseng. Être le fournisseur direct de l'empereur était un tel honneur que nombreux sont les hommes qui ont risqué leur vie à la recherche de cette « racine miracle », qui ne poussait alors que dans des zones forestières et sous-bois lointains. Les « chasseurs » de ginseng transmettaient à leurs enfants les emplacements découverts. D'autres historiens ont trouvé les premières références au ginseng dans les Vedas, les textes sacrés de l'Inde ancienne datant de 5000 ans, où le ginseng est décrit comme une plante aux propriétés médicinales capables de tonifier l'organisme pour « générer la force et la santé » et qui donnent la vie.
Là encore, les histoires divergent. Certains historiens prétendent que les marchands maures ont été les premiers à rapporter les racines en Europe, autour de 1000 av. J.-C. D'autres affirment que c'est Marco Polo, enchanté par les propriétés curatives de cette plante, qui l'aurait véritablement introduite en Occident.
Ce dernier n'aurait en fait que mentionné les vertus de la plante, sans la rapporter. Enfin, certains spécialistes datent l'arrivée des premières racines de ginseng en Europe au XVIIIe siècle, par des commerçants hollandais. Alors jésuite en mission en Asie, le père Jartoux fait mention de cette plante aux grandes vertus et à l'impact économique important en 1711.
Le ginseng apparaît à la Cour de Louis XIV à la fin du XVIIe siècle, séduit par les effets aphrodisiaques des racines offertes par le roi de Siam. Un véritable marché économique se met alors en place et nombreux sont les hommes qui font fortune, notamment au Canada, où les deux variétés de ginseng, Panax Ginseng C.A Meyer (Asie) et panax quinquifolium L. (Canada) n'étaient pas encore distingués (il faudra attendre 1843 pour que la distinction soit faite).
La recherche du ginseng sauvage était intensive et la plante se négociait à prix d'or ! Ce soudain intérêt pour le ginseng sauvage entraîna une surexploitation des racines, altérant les repousses naturelles. Petit à petit, il devient de plus en plus rare.
À la fin du XVIIe siècle, de grandes quantités de ginseng américain sont alors envoyées en Chine, où débute une activité lucrative. Vers 1850, près de 230 000 kg sont exportés vers l'Asie !
Au début du XXe siècle, le ginseng américain a pratiquement disparu de l'Amérique. Les premières tentatives de culture « artificielle » ne fonctionnent pas. C'est à la fin du XVIIe siècle que la Corée commence à maîtriser la culture du ginseng rouge, en mettant en place une culture rationnelle et intensive du ginseng en reconstituant les conditions forestières de pousse à l'état naturel.
Le ginseng est classé comme plante protégée en Chine et en Russie où l'exportation des graines était interdite et la récolte du ginseng sauvage illégale. En Europe, le ginseng est encore ignoré, tandis qu'il est déjà inscrit dans la pharmacopée japonaise depuis 1943 et dans la pharmacopée russe depuis 1961, à la suite de plusieurs recherches par des scientifiques de l'Union soviétique.
Les premiers Européens à s'intéresser à cette « plante miracle » sont les Hollandais qui ont essayé de l'introduire en Europe, sans grand succès. Ce n'est que dans la deuxième partie du XXe siècle que la notoriété du ginseng en Europe s'est peu à peu développée, grâce notamment aux recherches initiées par le Dr Brekhman qui dirige les études sur les plantes adaptogènes, comme le ginseng. Il prouve alors scientifiquement les actions de ces racines, inscrites dans la pharmacopée française en 1974.
Aujourd'hui, le ginseng peut donc se trouver en pharmacies ou dans les herboristeries. Cette racine peut ainsi entrer dans la composition de médicaments à base de plantes et bénéficie aussi du statut de « complément alimentaire ».
Près de quarante ans après les premières études scientifiques sur le ginseng, la demande internationale est forte, soutenue et en hausse. La consommation française en panax ginseng croît chaque année.